aoust 1590.                                    83
qui estoit un des grands ennemis que j'eusse sans le sa­voir , car je ne le connoissois pas seulement de visage : tant s'en fault que je lui eusse jamais fait mal aucun ou desplaisir; et toutefois avoit dit peu au paravant à une honneste femme dans le Palais, me montrant au doigt et ne pensant pas qu'elle me congneust, que j'es­tois un des plus grands heretiques et politiques de Pa­ris, et que je devois estre sec il y avoit dix ans. Dont ladite dame m'advertist pour m'en donner garde; mais oncques puis ne le peus voir ni congnoistre non plus qu'au paravant: et les premieres nouvelles que j'en eus fust de sa mort.
Pendant ce temps, qui estoit six jours avant la levée du siege de Paris, et jusques à la fin d'icelui, vous eus-siés veu le pauvre peuple, qui commençoit à mourir à tas, manger les chiens morts tous cruds par les rues; autres mangeoient les trippes qu'on avoit jetté dans le ruisseau; autres des rats et souris qu'on avoit semblable­ment jetté ; et quelques-uns les os de la teste des chiens moulus (chose qui monstroit mle grande extremité); et estant Ia pluspart des asnes, chevaux et mulets mangés, on vendoit les peaux et cuirs desdites bestes cuites, dont les pauvres mangeoient avec fort bon appétit. De ce que j'escris mes yeux en ont veu une /bonne partie, et le reste m'a esté testifié par gens dignes de foi, et mesmes par un pauvre bonhomme que je nourissois durant ce temps : lequel, pour un morceau de pain, me scavoit à dire tout ce qui. advenoit de nouveau et prodigieus dans la ville.
Finablement la necessité croissant, deux ou trois jours devant la -QfteJiH *les lansquenets, gens de soi .barta-TES * -------■-■-■■                 ts de male rage de
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